Épisode 2 : EPI antichute , comment bien entretenir et inspecter vos équipements de sécurité ?
Le travail en hauteur fait partie des activités les plus risquées dans de nombreux secteurs : bâtiment, maintenance industrielle, télécommunications, éolien, charpente, etc. C’est pourquoi la protection antichute ne doit jamais être prise à la légère. Choisir un bon harnais ou une longe est une étape essentielle, mais ce n’est pas suffisant. Dans ce deuxième article, nous vous guidons sur l’utilisation concrète de ces équipements, leur entretien et leur vérification, pour une sécurité en hauteur optimale.
L’entretien et la vérification : des gestes vitaux
La durée de vie d’un équipement antichute dépend en grande partie de son entretien et de son utilisation. Même un matériel neuf peut devenir inefficace s’il est mal stocké ou mal utilisé. Pire encore, il peut donner une fausse impression de sécurité.
Pourquoi vérifier ?
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Pour détecter les usures invisibles à l’œil non averti
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Pour repérer des défauts après une chute ou un choc
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Pour s’assurer que le matériel est encore conforme à la réglementation
Qui est responsable ?
L’employeur a l’obligation légale de faire vérifier chaque EPI antichute au moins une fois par an par une personne compétente (interne ou externe). L’utilisateur, quant à lui, doit effectuer un contrôle visuel avant chaque utilisation.
Checklist complète pour inspecter son matériel
Voici les points à contrôler selon le type de matériel :
Harnais antichute (EN 361) :
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État des sangles : souples, sans craquelures ni coupures
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Boucles de réglage : fonctionnement fluide, sans oxydation
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Coutures : aucune usure, pas de fils tirés
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Étiquettes de conformité visibles et lisibles
Longe avec absorbeur (EN 355) :
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Longe sans torsion, déformation ou abrasion
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Absorbeur non déclenché
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Étiquettes présentes et non effacées
Antichute à rappel automatique (EN 360) :
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Rappel fluide sans point dur
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Verrouillage immédiat si traction brusque
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Câble ou sangle sans accroc ni vrille
Mousquetons et connecteurs (EN 362) :
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Verrouillage automatique fonctionnel
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Pas de fissures, pas de jeu excessif
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Pas de rouille ni d’usure du ressort
Point d’ancrage (EN 795) :
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Fixation solide, structure porteuse vérifiée
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Compatibilité avec le reste du système
Chaque anomalie détectée doit entraîner la mise au rebut immédiate du produit concerné.
Les bonnes pratiques d’entretien à adopter
Un équipement bien entretenu est un équipement qui dure et qui protège. Voici les règles essentielles :
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Nettoyer régulièrement avec de l’eau tiède et un savon neutre
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Éviter les solvants, détergents agressifs ou nettoyeurs haute pression
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Sécher à l’ombre, jamais au soleil ou sur un radiateur
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Ne jamais plier excessivement les longes ou les sangles
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Conserver dans un sac ou une caisse propre, à l’abri de l’humidité et des UV
Astuce terrain: identifiez vos équipements avec des codes couleur ou des étiquettes nominatives pour faciliter la gestion et éviter les échanges non contrôlés.
Quand doit-on remplacer un EPI antichute ?
Il existe plusieurs cas dans lesquels un remplacement est obligatoire :
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Après une chute, même légère
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Si un absorbeur d’énergie a été déployé
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Si l’équipement est endommagé ou douteux (même sans trace visible)
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Si la date de péremption fabricant est dépassée
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Si les normes ont évolué et que votre modèle est obsolète
La durée de vie théoriquevarie d’un fabricant à l’autre, souvent entre 5 et 10 ans, à condition que l’EPI n’ait jamais été sollicité lors d’un accident.
Bien utiliser le matériel sur le terrain : conseils pratiques
Un harnais de qualité mal utilisé, c’est comme une ceinture de sécurité non bouclée : inutile. Voici quelques rappels essentiels :
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Toujours ajuster correctement le harnais : il ne doit ni pendre, ni comprimer
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L’ancrage doit être au-dessus du point d’attache dorsal ou sternal
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Évitez les points d’ancrage improvisés ou mobiles (barreaux, échafaudages non certifiés)
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Sur un toit, utilisez une ligne de vie ou un rail si le déplacement est fréquent
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Attention au facteur de chute : plus il est élevé, plus la chute est violente
À retenir : une longe trop longue ou mal positionnée peut provoquer une chute de plus de 4 mètres avec un arrêt brutal.
Se former pour bien se protéger
Enfin, la meilleure protection reste laformation. Un salarié formé saura :
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Choisir le bon système antichute selon la tâche
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L’installer correctement, sans erreur
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Réagir en cas de situation d’urgence (sauvetage d’un collègue suspendu)
De nombreuses chutes surviennent non pas à cause d’un défaut matériel, mais d’une mauvaise manipulation. Une formation simple d’une journée peut suffire à éviter le pire.